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A l’attaque!

Au bout de treize années, je crois que mes parents ont enfin compris que je n’appréciais pas les jouets, qui sont en général destinés aux filles. Les jolies poupées aux robes fleuries, les barbies, la dînette en porcelaine, et les nombreux déguisements de princesse, que maman avaient pourtant choisi avec soin dès mon plus jeune âge, n’ont jamais eu de grand succès et bon espoir de se faire aimer par moi! 
Maman, une pointe frustrée, a fini par se résoudre à les ranger dans un placard, jusqu’à l’arrivée de ma petite sœur, qui a l’opposé de moi est la reine des paillettes! De toute façon depuis que j’ai mis un pied dans le monde des ados, je n’ai plus l’âge pour ces jouets là. 
Ma petite chambre est décorée sobrement, les murs sont beiges, parsemés de quelques touches de rose poudré et d’argent pour faire plaisir à maman, qui tient à sa décoration! Deux grands paniers accueillent mes nombreux personnages préférés de Disney, où s’entassent de nombreuses voitures de Cars, Woody, buzz et même Hulk dont maman a littéralement horreur! C’est vrai que le bruit qu’il émet en ferait déguerpir plus d’un… 
Quelques jeux simples de société, des livres, des dvd et de nombreux cd de musiques s’empilent près de ma table de chevet. 
Au milieu de ce monde que j’aime et qui est le mien, trônent deux épées roses en mousse aux manches mordillées, achetés il y a quelques années, lorsque nous arpentions avec mon petit frère fan de chevaliers, les murailles des différents châteaux que nous visitions. 
Ces armes inoffensives ont véritablement grandi avec moi et me suivent partout. 
Rien ne me fait peur! Épée en main et toujours prête, je brandis, saute, cours, derrière mes frères et ma petite sœur apeurée par mes « ya ya, à l’attaqueeeee!! »
Attention ! Voici Clémence, miss écuyère des temps modernes! 

Agnès

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Elle jouait du piano debout!

Nous sommes une famille de petits musiciens, avec papa à la guitare, maman au piano/chant et mon frère, futur grand pianiste, qui impressionne déjà tout le monde avec ses morceaux liants différents styles, du classique à Polnareff, Guillaume Grand ou Obispo. 
Il n’y a pas un jour où l’on n’entend pas résonner quelques notes de guitare ou du piano, qui trônent fièrement au milieu du salon et rythment notre journée, alors forcément je m’y suis mise aussi! 
Je peux rester enfermée plusieurs semaines, tant que j’ai ma musique et mon trampoline tout va bien! 🎵
Maintenant que je sais en plus me servir comme une grande de mon lecteur, je peux passer des heures, enfermée dans ma chambre à chanter à tue tête. Passant d’un CD à un autre, j’écoute en boucle mes titres préférés en sautant de joie! 
Je me sens bien dans mon petit monde à moi et j’aime ma tranquillité, alors que personne ne vienne surtout me déranger, au risque de se faire mal recevoir… PAF! Claquement de porte, ma spécialité en ce moment.
Maman chaque soir, est obligée de cacher les télécommandes bien en hauteur. Elle débranche mon piano numérique qu’elle glisse soigneusement sous mon lit, et elle éloigne mon tambour loin de ma vue, pour que la maison retrouve son calme et que je puisse surtout dormir et ne pas perturber le sommeil de toute la famille. Un seul oubli et c’est la catastrophe! 
A n’importe quelle heure de la nuit toute la maisonnée( et les heureux voisins 😬) peuvent être réveillés en fanfare, par mes doigts qui pianotent, qui tambourinent avec enthousiasme, sur le son de ma voix! 

« elle jouait du piano debout ( à 3 h du matin de préférence!) 
C’est peut-être un détail pour vous
Mais pour moi, ça veut dire beaucoup
Ça veut dire qu’elle était libre
Heureuse d’être là malgré tout
Elle jouait du piano debout
Elle chantait sur des rythmes fous
Et pour moi ça veut dire beaucoup
Ça veut dire « essaie de vivre
Essaie d’être heureux, ça vaut le coup »

Oui, Clémence est confinée mais heureuse! 😊

Agnès

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Tourbillon!

Les événements des derniers jours n’ont laissé aucune place à l’ennui, ça a plutôt tourbillonné dans notre petite maison! 
Entre la sortie du film et les premières réactions que nous avons récolté avec joie et fierté. Le post « coup de poing » sur la déscolarisation de Clémence que nous avons lancé comme une bouteille à la mer qui a suscité de nombreuses réactions. Une chaîne de solidarité s’est formée autour de notre famille, et nous avons été agréablement surpris et touchés par tant d’enthousiasme à nous venir en aide. Les diverses propositions nous ont donné un sacré coup de fouet et regain d’énergie! 
Le téléphone n’a jamais autant sonné! Maman a répondu à de nombreuses interviews qui lui ont été proposé de toute part, au milieu de la charge quotidienne. Elle ne savait plus ou donner de la tête! Papa lui, s’est occupé à merveille de la gestion des démarches, et à continuer activement les recherches pour trouver une solution . 
De mon côté, je n’ai pas réellement pris conscience de tous les enjeux de cette agitation. Bien sûr, j’ai entendu que nous parlions beaucoup du film et des soucis autour de ma scolarisation, d’ailleurs quelle sacrée surprise de découvrir ma petite bouille dans un journal de renom! 
Mais tout ce ramdam, n’a pas changé grand chose dans mon quotidien. Maman soucieuse de mon bien être, essaie toujours de me préserver au mieux des situations qui pourraient être source d’inquiétudes, car avec ma trisomie j’ai comme des petites antennes, je perçois et ressens tout très fort, et je n’ai pas toujours les mots pour formuler mes questionnements ou mes angoisses. 
J’ai donc garder mes petites habitudes , avec ce temps de travail le matin, mes cours fétiches de piscine et de boxe, et quelques moments passés avec mon ancienne éducatrice, qui me prend pour que maman puisse souffler un peu, le temps de trouver un établissement adéquate.
Ces derniers jours ont été un concentré d’émotions multiples et papa et maman sont un peu raplapla d’avoir donné tant d’énergie. Leur combat est le même que celui de nombreux autres parents, un combat qui est loin d’être gagné… 
Mais leur détermination et leur persévérance restent inébranlables! 

« un pas après l’autre, un jour à la fois »

En attendant de retrouver un rythme familial un peu moins sportif, nous nous offrons un petit week-end de pause, pour nous oxygéner loin de tout ça . 

Agnès

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Faire confiance et s’abandonner

J’y croirais dur comme fer, je pensais que c’était gagné, dans la poche! 
Que ce rdv n’était qu’une formalité et que Clémence intégrerait cet IME après les vacances, comme c’était prévu. 
Il y a bien une place dans cet établissement, mais nous ne voulons pas pour toi d’un simple « placement », mais bel et bien d’un endroit où nous serons certains que tu pourras apprendre et t’épanouir. Un endroit, où nous serons heureux de te laisser chaque matin sans qu’aucuns doutes ne planent . 
Dès les premiers échanges avec la directrice et la visite des locaux j’ai compris que cet établissement n’était vraiment pas fait pour toi… Quelle déception, quelle désillusion. Ma vue s’est brouillée, je n’écoutais déjà plus rien. Les portes se ferment les unes derrières les autres, il y a toujours quelque chose qui cloche!
De toute façon cette année rien ne se passe comme je le voudrai. Après notre mauvaise expérience dans cette classe ulis, je croyais qu’on avait eu notre amas de galères et que c’était bon! Mais le chemin de ta scolarisation ne fait que slalomer, à m’en donner mal au cœur. 
Je suis partie de ce rdv la gorge nouée avec une irrésistible envie de pleurer, j’ai serré ta petite main bien fort comme pour puiser du courage et te demander aussi pardon. Maman en a gros sur la patate. 
Pourquoi est ce si compliqué de trouver cet établissement où tu pourrais être heureuse? Je le veux pourtant tellement, je le veux pourtant si fort. 
J’en arrive à me dire que cette année nous devons peut être simplement la passer ensemble. C’est peut être ce qu’il veut finalement le Bon Dieu. 
Faire confiance et s’abandonner, pas si facile comme programme, surtout quand on connaît mon amour des apprentissages scolaires et ma patience. Un véritable challenge ! 
Je suis rentrée en me sentant toute molle, vide, sans énergie. 
L’heure du dîner approche et l’épluchage de ces oignons tombent à pic! Je peux laisser couler mes larmes sans que personne n’y voit que du feu. Déjà plus de deux mois que tu es à la maison…
Les légumes sont maintenant coupés et une bonne odeur de soupe commence à se répandre dans la maison, camouflant l’effluve de mon chagrin . 
J’attrape le téléphone pour reprendre mes recherches. Haut les cœurs ! 

Agnès

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Vivre pour Aimer

Je me souviens encore avec la même fraîcheur, de toutes nos marques de tendresse, qui étaient finalement le moteur de notre communication, dès ton arrivée. Comme j’ai toujours apprécié de me blottir contre toi, d’être là simplement pour t’aimer, sans avoir besoin de tout comprendre.

Avec toi Clémence, j’ai réalisé combien nos échanges de regards et nos gestes portés d’affection, si petits soient ils, pouvaient avoir autant de profondeur et de chaleur que les mots. 
L’amour se traduit et se donne de tant de façons différentes, sous plusieurs formes, sans que jamais nous nous en lassons. 
J’accueille chaque jour, à bras ouvert ce que tu m’offres, avec toute la spontanéité de ton âme d’enfant, et je vibre à chaque fois par tout cet amour que tu m’insuffles.  
Un amour qui m’apaise et me nourri. 
Un amour qui, dans sa légèreté et sa pureté, s’empare de tout mon être de maman pour me renverser à chaque fois. 

Ma Clémence, tu n’as peut être pas toutes les facilités d’apprentissage, tu n’as peut-être pas une évolution égale à celle d’une fille de ton âge, tu n’as pas peut être pas tous les mots qu’il faudrait, mais pourtant oh combien tu as l’essentiel! 
Tu as la beauté précieuse d’un cœur tendre, alors que le notre est si souvent chiffonné.
Tu as la capacité de pouvoir aimer et donner avec force et sincérité, sans calcul et sans loi. 
Tu as l’éclat de la spontanéité de tes sentiments, qui jamais ne se lassent de nous donner un bout de toi.

Alors je m’enivre de tes caresses, de tes baisers, de tes regards, de tes petits bras qui me serrent si fort parfois, de tes sourires, de tes rires, de tes silences , de tes « je t’aime ». 
J’apprécie chacun de ces moments près toi, tous ces instants gorgés de bonheur qui, comme en suspension ne donnent plus grande importance au reste . 
Ainsi, je comprends tout. 
Si peu et pourtant si grand! 
Rien dans ce monde ne pourrait avoir plus grande valeur, rien ne pourrait autant nous combler. 

Agnès

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Graine d’Ado, Graine de Comédienne!

« J’ai pas envie! »
Cette phrase qui me faisait pourtant sourire il y a encore quelques mois, dévoilant le caractère bien trempé d’une jeune fille de 13 ans qui, comme les autres, faisait doucement son entrée dans le monde des adolescents, me taperait presque sur le système aujourd’hui! 
Clémence en bonne petite rebelle, m’assomme avec cette phrase qu’elle utilise à tout-va, pour tout et n’importe quoi, ce qui a le don de m’horripiler. 

Clémence vient manger, « j’ai pas envie! »
Clémence va mettre tes chaussures, « j’ai pas envie! »
Clémence prend ton cartable, « j’ai pas envie! »
Clémence vient te laver, « j’ai pas envie! »
Clémence viens te coucher, « j’ai pas envie! »
Clémence on va faire des courses, « j’ai pas envie! »
Clémence… je n’ai même pas fini ma phrase que par mesure de sécurité elle me devance déjà avec son « j’ai pas envie! »
Cela serait peut être plus simple si tu me disais tout de suite ce que tu veux bien faire? Mis à part regarder la télé, et aller à Disney, évidemment!
« J’ai pas envie! »
Ok…

Derrière cette jolie petite frimousse aux traits réguliers, qui me paraît encore pourtant si enfantine, notre Clémence a bien grandi. 
Affalée sur son lit, l’air épuisée, elle nous explose les tympans avec sa musique qu’elle met en boucle, volume au max bien entendu! Et moi, qui passe la tête trente fois par jour excédée, pour lui dire « baisse le son stp! »
Je me fais immédiatement rembarrer avec un « tu sors! » accompagné du fameux claquage de porte. Non mais je rêve! Du grand n’importe quoi notre pépette 🙄

Dans le genre provocatrice je suis la reine, j’adore enquiquiner maman avec mes idées des plus farfelues. La dernière en date est de jeter ma petite cuillère après avoir déguster mon dessert ( maman est obligée de vérifier tous les soirs le fond de la poubelle, je sais comme elle aime cela!) 
Si la cuillère n’y est pas, c’est que je l’aurai simplement rangé soigneusement non dans le lave vaisselle, mais dans le tiroir pour être certaine de mettre du yaourt un peu partout. 
Maman souffle, moi je ris! 
Ce cirque peut durer des semaines, jusqu’à ce que je me lasse enfin et passe à autre chose. Je suis une excellente comédienne, tout le monde le sait maintenant! Alors les idées ne me manquent pas. 
Un brin de fierté d’ailleurs d’être « à l affiche », dans les bras de « papa Charles De Gaulle », Monsieur Lambert Wilson svp! J’en profite pour faire un peu de pub: je compte sur vous pour remplir les salles de cinéma dès le 4 mars prochain 🤗
Maman râle parfois devant ma moue boudeuse et ma fainéantise, mais je sais aussi, combien toutes mes extravagances font de moi une jeune fille attachante et unique.
Et comme maman me le dit si souvent, « elle m’aime tellement que même son cœur fait de la mousse!» ❤️

Agnès

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Nuit de Noël 🌟

Ma Clémence, on ne peut pas dire que tu t’exprimes extrêmement bien mais, les quelques mots que tu utilises nous suffisent à te comprendre. Souvent tu nous demandes : « et après? » 
Cette question peut revenir plusieurs fois par jour, je crois que pour toi c’est une façon de te rassurer et de ne pas être surprise, je sais combien tu détestes les imprévus, alors nous avons pris l’habitude de te répondre en te donnant le déroulement de la journée et de la semaine.
Nous avons fêter tes treize ans il y a peu et à peine les bougies soufflées tu demandais avec un large sourire, fidèle à tes habitudes: 
« et après? » . 

 » Apres Clémence cela sera l’anniversaire de Jésus. »

Tu sais Clémence, c’est le plus grand et le plus beau des anniversaires à fêter! Alors il se doit d’être bien préparé et à la hauteur de celui qui nous aime tant et qui s’est fait tout petit pour nous. 
Nous pouvons peut être alors simplement ouvrir notre cœur un tout petit peu plus grand que d’habitude, pour laisser y entrer toutes les joies que nous offre ce grand jour de fête, ces moments de partages, ces petits gestes de tendresse et ces petites paroles affectueuses, pour tous ceux que nous aimons, et aussi pour ceux qui en auraient besoin, comme des petits cadeaux à déposer au pied de la crèche! 
Unissons nos cœurs petits et grands, tous différents que nous sommes, pour former une immense chaîne d’amour et allumons en nous une petite lumière en signe de joie, pour le petit Jesus qui pourra souffler des milliards de bougies!

Agnès

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Les petits biscuits de Noël

Clémence a la chance de pouvoir partir certain week-end avec « À bras ouvert » 
( des jeunes accueillent le temps d’un week-end des personnes en situation de handicap). 
Clémence adore particulièrement ces deux jours où elle part de la maison pour retrouver ses amis et passer de vraies et agréables moments de partage! 

Le dernier week-end remonte à quelques semaines à peine et notre Clémence est revenue comme à son habitude toute radieuse, et très fière de brandir les petits biscuits de Noël qu’elle avait confectionnés avec soin. 
Dès le premier repas en famille, je propose à Clémence de partager ses jolis biscuits avec nous, mais un « non! » ferme et autoritaire me fait bien comprendre que cette décision n’est pas négociable. 
Je suis un peu surprise car Clémence en temps normal donne plutôt facilement, mais je n’insiste pas et me dis que c’est sans grande importance. 
Deuxième tentative quelques jours après, même ton et même échéance! Je commence doucement alors à lui expliquer, que cela pourrait être bien de partager, que justement pendant ce temps de l’Avent, c’est l’occasion de pouvoir ouvrir un petit peu plus son cœur. Mais Mademoiselle fait la moue sans prêter grande attention à ce que je dis, et reste froidement sur ses positions. 
Allez! Troisième tentative… Que j’espère cette fois fructueuse. Les frères et sœurs sont comme à chaque fois en alerte, prêts à bondir sur le petit paquet qui garde mystérieusement ces trésors, et ils attendent silencieusement le verdict. 
« Non! Non ! Non! » cette fois Clémence s’énerve carrément. 
Mais ils ont quoi bon sang ces biscuits qu’elle même ne veux pas toucher? Ils sont en or ou quoi! Cela aurait pu être du simple égoïsme, mais ça n’a pas l’air d’être le cas. 
Ça fait maintenant plus de deux semaines, que le petit paquet trône dans la cuisine et nous nargue. 
Ces fichus petits gâteaux sont un tel mystère, que je commence même bêtement à y penser pendant la journée! 
Avec hésitation un soir, notre petit dernier tente une ultime tentative avec ses yeux de tombeur: « Allez Clémence je peux prendre un gâteau? » Il en crève tellement d’envie le pauvre! 
« non! »
Je renchéris tout de suite:
« Mais pourquoi Clémence tu ne veux pas donner tes gâteaux … de noël? »
Et d’un coup ça résonne comme une évidence, DE NOËL!!!
Mais bien sûr, cela doit être ça! On ne peut pas manger les biscuits de Noël avant Noël! 
Ces petits biscuits sont pour Noël, comme un cadeau. 
Clémence est toujours dans la justesse. 

Alors Clémence fera comme elle le voudra et ça sera parfait. 
Elle pourra toujours si elle le souhaite, le soir de Noël nous les offrir et c’est certain qu’on se régalera avec ces petits gâteaux précieux, qui auront peut être changés de couleurs et durcis, mais qui auront la douceur du cœur de notre merveilleuse Clémence! 

Agnès

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Quelques murmures

La joie de fêter ton anniversaire est passée. 
Nous sommes le 11 décembre, deux jours après ta naissance ma Clémence, jour de l’annonce de ta trisomie…
Il y a des dates lourdes de souvenirs,  
qui nous pourchassent comme un fantôme et s’incrustent en nous alors qu’on aimerait tellement les oublier. 
Chaque 11 décembre depuis 13 ans, je me sens comme vidée, impuissante devant mes propres pensées et mes sentiments qui tournent et tournent comme un moulin et me retourne le cœur douloureusement. 

Quel grand fossé sépare la maman que j’étais à ta naissance ma douce Clémence, et celle que je suis devenue aujourd’hui, en partie grâce à toi.

Je ne peux m’empêcher de repenser à cette maman. 
A cette maman, meurtrie et fragilisée par la découverte de la trisomie de sa fille. 
A cette maman, écrasée par le choc de l’annonce et cette crainte du handicap, qui résonne malgré elle comme « un poids ».
A cette maman, sonnée par le gong de ce trop plein d’émotions, qui n’arrive pas à leur trouver de justes places. 
A cette maman, tourmentée par cette vie nouvelle qui se présente brutalement à elle, et avec laquelle elle ne sait comment faire. 
A cette maman, terrassée par le flot de ses larmes qui se débat, pour ne pas sombrer dans les ténèbres de la peur. 
A cette maman,qui semble écorchée, effrayée et perdue.

Et pourtant…  
C’est aussi cette maman, qui a pu se défaire de toutes ses chaînes, pour accepter que tout ne soit pas si parfait et lisse comme elle l’aurait désiré. 
C’est cette maman, qui s’est plongée aveuglement et entièrement corps et âme, dans la confiance et l’acceptation. 
C’est cette maman, qui a laissé s’envoler doucement toutes ses appréhensions, pour aimer ta vie plus que la sienne.
C’est cette maman, qui a senti au plus profond d’elle, une immense vague de tendresse l’envahir chaque jour un peu plus. 
C’est cette maman, qui a eu envie de se laisser porter, dans cette vie aux aspects imparfaits et pourtant si doux.
C’est cette maman, qui a appris auprès de toi, que le don de soi pouvait faire le bonheur de l’autre. 
C’est cette maman, qui a travers tes yeux, à trouver la force de défendre la vie même des plus fragiles.
C’est cette maman, qui au fil des années a découvert l’innombrable richesse de tous tes trésors. 
C’est cette maman, qui s’est imprégnée de ta différence, pour en être comblée de tant de grâces. 
C’est cette maman, qui a compris que le véritable bonheur ne pouvait se trouver autrement que dans l’amour. 

Alors je te murmure ma Clémence, tous ces « merci » et ces « je t’aime » qu’une maman ne dira jamais assez.

Agnès

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La claque!

Coup de mou, Il y a des jours plus difficiles que d’autres.

Nos enfants porteur de la trisomie grandissent et vient le temps des angoisses de la scolarisation. Comme beaucoup de parents, diverses questions fusent et s’emmêlent. Comment et où trouver l’établissement qui nous semble le plus adapté et conforme aux besoins de notre cher enfant? 
Pour Clémence nous avons plutôt été de ce côté là très gâtés! Deux années en maternelle puis le bonheur et le soulagement de connaître la petite école « aime la vie ». Sept années faciles où, notre Clémence s’est épanouie tout en apprenant de nombreuses choses. 
Puis, dans un déroulement logique est venu le moment de quitter le cocon si douillet de cette école familiale que nous aimions tant, pour un nouvel établissement. 
C’est totalement confiants que nous nous sommes tournés vers une école privé au concept bienveillant qui nous a tout de suite enchanté. Une classe pour enfants trisomiques dans un établissement classique, avec deux institutrices souriantes , plusieurs avs, pour seulement 5 élèves, le luxe, le rêve! Aucune inquiétude, c’est certain notre Clémence y sera bien. 
Uniforme élégant et cartable sur le dos Clémence prend ce nouveau chemin. Mais néanmoins quelques difficultés de comportement pointent le bout de leur nez, liés certainement aux changements et aussi au caractère plutôt bien trempé de notre Clémence ! 
Les semaines passent et les complications arrivent en vagues…
Je déchante. 
Clémence se met régulièrement en opposition et les institutrices semblent dépassées et désarmées pour gérer ces situations qui leurs sont apparemment inhabituelles et nouvelles. En tant que maman, j’essaie de les guider au mieux mais, mon rôle n’est pas celui d’une institutrice ni d’une éducatrice. 
Je découvre que la classe se veut plutôt studieuse, elle accueille des adolescents trisomiques mais au profil sages et disciplinés, et notre Clémence ne semble pas rentrer pour le moment dans ce moule. 
Plutôt coquine, charmeuse, provocatrice, même actrice, elle n’hésite pas à jouer de ses atouts pour casser les pieds aux autres quand elle en a envie et apparemment cela marche! 
Mais je la connais ma Clémence, même par cœur, mieux que personne! Je sais combien elle a besoin d’être tout de suite cadrée, avec des règles précises bien posées, pour pouvoir se défaire de cet état d’opposition qui en général ne dure pas longtemps et qui la freine dans ses apprentissages. C’est à demi mots que j’ai essayé de soumettre quelques idées et conseils, pour que le « démarrage » se fasse dans de bonnes conditions, mais l’équipe enseignante semble vouloir se débrouiller, je n’insiste donc pas. 
Presque inévitablement les choses au lieu de s’arranger se compliquent très vite, s’enveniment même …
On me sollicite de plus en plus souvent avec des coups de téléphone, pour venir chercher plus tôt Clémence, qui perturbe la classe. 
D’un caractère compréhensif je sers les dents et ravale mes pensées de frustrations, pour essayer de comprendre, je me dis qu’en effet cela doit déranger les autres élèves et fatiguer les maîtresses et que je me dois d’intervenir pour les soulager même si, je trouve cette situation pas totalement normale et que cela perturbe aussi mon emploi du temps . 
Puis des mails nous sont envoyés avec des directives de restrictions du temps d’école, d’horaires aménagées … c’est le pompon, je sens une immense colère montée sans que je puisse la freiner, j’ai cette moche impression que l’on veut « chasser » Clémence et c’est alors tout mon cœur de mère qui est secoué, j’ai l’impression de glisser dans un gouffre d’incompréhensions. 
Clémence a le droit d’aller à TEMPS PLEIN à l’école, c’est un DROIT non une option! 
Je suis sincèrement désolée que son comportement soit parfois gênant et je me sens souvent impuissante. Pourtant ces dernières semaines Clémence a montré de beaux efforts, mais qui restent apparemment insuffisants, l’évolution semble trop lente et fragile. 
Ce qui me déstabilise c’est aussi le contraste entre la maison et l école . Clémence est très sage à la maison et ne pose aucun problème…
Alors quoi?
Je dois pouvoir être toujours disponible en tant que maman pour venir chercher ma fille à tout heure de la journée quand les maîtresses ( qui pourtant ont choisies de travailler avec des personnes handicapées ) n’arrivent plus à gérer? 
Je dois pouvoir garder Clémence à la maison certains matins pour l’emmener plus tard pour soulager la classe? 
Je dois me résoudre à accepter que ma fille ne soit plus scolarisée à 100 % dans une classe qui se veut pourtant pour enfants handicapés? 
Je dois accepter que ma fille ne puisse pas du coup, participer a toutes les activités qu’elle aime et qui lui font du bien, en particulier le poney dont elle a été privée aujourd’hui? 
Je dois me faire à l’idée que Clémence doit être scolarisée en pointillés? 
Je ne comprends pas. 
Bien sûr on ne me le dis pas ouvertement mais je comprends très vite que Clémence n’a pas réellement sa place dans cette classe et qu’il serait préférable peut être que nous cherchions une autre solution. 
Suis je une mère trop exigeante, casse pied et pas assez attentive aux difficultés que peuvent aussi rencontrer les institutrices?
Je suis rongée par cette peur que notre fille puisse être déscolarisée. 
Rongée par l’inquiétude de ne pas trouver un autre établissement. 
Rongée de devoir sans cesse me battre pour faire valoir des droits.
Rongée de n’avoir pas toutes les solutions.
Et aussi je suis tout simplement fatiguée 

Les larmes ne coulent jamais longtemps, demain sera un autre jour! 
On garde confiance . 

Agnès